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Hommages 2018 - À nous le souvenir, à eux l’immortalité
« Ayez en chacun de vous votre Louis Aimé Alexandre Marguerite. Transmettez son histoire. Faites ce travail de mémoire » Jean-Noël GELEBART. 1400 Soldats et 20 officiers. Morts pour la France le 22 août 1914. Parmi eux, Louis Aimé Alexandre Marguerite. De nombreuses personnalités françaises, dont un général.
À nous le souvenir, à eux l’immortalité
Plus aujourd’hui qu’hier, parce que l’Union européenne bat de l’aile, la bataille de la Sambre est et sera inlassablement commémorée. C’était hier. Ah, s’ils pouvaient seulement voir la cérémonie sonnant et causant au-dessus d’eux, tous ces soldats français qui périrent chez nous, du 20 au 22 août 1914. Dont les képis rouges, tombés par terre, et par milliers, firent des trous rouges dans les champs dorés. Soudain, l’idyllique monde pastoral pris d’assaut par les labours, mitraillé, noirci. Soudain, une multitude de morts pour la France, des innocents, qui n’ont pas trop su pourquoi on les a envoyés là. Qu’il pleuve ou qu’il vente, mais plus souvent sous le soleil, on se souvient d’eux. Et c’était à nouveau le cas, hier, 104 ans après la tragédie.
Respect et émotion. Pour ne jamais oublier ces héros anonymes. Surtout en ces temps où l’Union européenne semble se démettre de son magnifique projet. «À nous le souvenir, à eux l’immortalité» lance Jean-Noël Gelebart. Le président du Souvenir de Cherbourg vient de livrer quelques fragments de la vie de Louis-Aimé Alexandre Marguerite. «Parce que son histoire, c’est celle de milliers d’hommes comme lui, anonymes, respectueux du devoir, héroïques, faisant preuve d’abnégation, qui ont été déplacés sur le front, qui ont souffert, qui ont été blessés, qui sont morts…» Dans cette nécropole militaire de la Belle-Motte, si ces hommes couchés là avaient pu voir, ils auraient vu les militaires et les civils leur déposer des fleurs. Vu les enfants apporter des roses sur la pierre blanche de leur tombe. S’ils avaient pu entendre, ils auraient perçu la caresse douce et sonore des grands arbres de la clôture pris dans le vent et, par-dessus elle, la Marseillaise, la musique, le bourdon du souvenir et les murmures des pèlerins. Ils auraient compris qu’ils sont morts sur ordre de leur patrie, pour mater, et vite encore, un nationalisme arrogant et va-t-en-guerre. Quatre ans La cérémonie annuelle a beau être convenue, elle émeut toujours quand les causeries sont brillantes. L’une d’elle, signée du bourgmestre d’Aiseau Jean Fersini, philosophe autour du temps de la guerre. Quatre ans. Il y a 4 ans, en 2014, le centenaire de la bataille de la Sambre, avec la foule massée dans le champ d’à côté, venue entendre les coups de feu à blanc et les cris des reconstitueurs faisant semblant. «Quatre ans, c’est court quand la Terre ne s’arrête pas de tourner. Mais parfois, quatre années peuvent marquer au fer rouge plusieurs générations. Et pour ceux qui les vivent, ces 4 années-là peuvent paraître un siècle.» Un supplice. La bataille de la Sambre n’a duré que quelques heures, deux ou trois jours tout au plus. Elle a tué par milliers et ce n’était encore qu’un début. Pour ceux qui survécurent à ce déchaînement de feu, de fer et de sang, ces quatre ans, de 1914 à 1918, ont duré un siècle. Qu’avons-nous fait depuis ce jour du centenaire, en août 2014 ? La guerre n’a pas disparu. Le monde n’est pas plus beau, ni plus juste ni plus sûr. «Mais nous avons tenu notre position. Poursuivi notre devoir de mémoire. Pour que les jeunes hommes enterrés ici ne se soient pas battus en vain.» Revenons à cet anonyme, Louis Aimé Alexandre Marguerite, à sa vie abrégée et sortie du néant par la bouche du président du Souvenir de Cherbourg. «Je suis né le 14 novembre 1890 à Précorbin, dans le canton de Torigny-sur-Vire. Mon père Mathias est couvreur en paille et ma mère, Marie-Virginie, est tricoteuse. Nous menons une vie paisible avec mon frère Alexandre et ma sœur Prudence. L’âge venu, j’exerce à mon tour le métier de couvreur de paille. À 21 ans, je suis incorporé au 25e régiment d’infanterie de Cherbourg, à compter d’octobre 1911. Puis, en vertu d’une loi de 1905, maintenu sous les drapeaux jusqu’au 8 décembre 1913.» Il ne le sait pas encore mais c’est son dernier Noël. Le samedi 1er août 1914, au soir, le tocsin annonce la mobilisation générale. «Je me prépare à partir. Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Je suis arrivé au corps, à Cherbourg. Nous sommes un effectif de 3200 hommes à quitter Cherbourg en train, le 7 août 1914. Débarqués le 8 août, à Attigny, dans les Ardennes, nous effectuons une série de longues marches qui nous amènent, le 22 août, au petit jour, en vue de la Sambre.» Et Louis Aimé va se battre, au sein de son régiment, pendant toute la journée du 22, autour de Roselies. Le soir, au bivouac, un appel fait ressortir la perte de 20 officiers et de 1400 hommes. «Et je suis l’un de ceux-là, couché sur la plaine, je ne rentrerai pas au pays. Je ne recevrai pas la lettre de mon cousin, le colis de mes parents.» Ah, si seulement, hier matin, Louis-Aimé, gisant là, avait pu entendre cela. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, à qui l’orateur enjoigna de transmettre sa triste histoire et d’avoir un peu de lui en eux.
Armes présentées, drapeaux levés et salut militaire, en hommage à ces milliers de soldats massacrés en août 1914. VITE DIT Les doutes d’Achille La parole de la jeunesse, c’est Achille Verschoren qui l’a portée. Il est d’Aiseau, a 20 ans : « Le devoir de mémoire dont on parle tant (…) permet-il aux jeunes de vraiment prendre conscience ? Je n’en suis pas certain. Et si je n’étais pas d’Aiseau, connais-je cette nécropole ? Je n’en suis pas certain non plus. » Héritiers de la Mémoire Et de citer ensore à l’assemblée : « Si vous ne voulez pas que nous oublions ce devoir de mémoire (…), soyez pour nous les héritiers de cette mémoire. Protégez les lieux, les témoignages, les images de ce passé et donnez-les nous à voir et à comprendre. » Ce qui, du reste, se fait inlassablement. Le jeune homme, qui a eu le courage de « refaire » sa rhétorique à Karlsruhe, en Allemagne, a conclu son allocution dans la langue maternelle du représentant de l’ambassade d’Allemagne en Belgique. Poignée de main. Pertes désastreuses Le président du comité royal du Souvenir, Daniel Tilmant, a rappelé des chiffres de pertes désastreux pour les deux 2 camps : le seul 22 août, 27.000 soldats français tués, 6.500 civils français et belges exécutés entre août et octobre 1914.
Date de création : 24/08/2018 @ 14:48
Dernière modification : 24/08/2018 @ 14:53
Catégorie : Hommages 2018
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