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Hommages 2016 - Discours du Souvenir Français de Cherbourg
Discours de Monsieur Jean-Claude HAMEL Président du Souvenir Français de Cherbourg
Phare Breton – Dimanche 21 août 2016.
Imaginons, imaginons que nous sommes en juillet 1914. C’est le temps des moissons, chacun vaque à ses occupations. En France, on a bien en tête les derniers problèmes créés par l’Allemagne, toujours agressive, en particulier en Afrique du nord et bien sûr on pense à l’Alsace et à la Lorraine pris à la France, mais enfin ce n’est pas la guerre, du moins pas maintenant, et pourtant ! En Belgique, il n’y a pas de problème particulier avec les pays voisins et la Belgique poursuit son développement. Qui pourrait alors imaginer que bientôt des milliers de Bretons, de Normands et de coloniaux y vendraient combattre, souffrir et mourir aux côtés de leurs camarades belges ? et pourtant ? Le 28 juin 1914, l’héritier au trône d’Autrice est tué par un Serbe à Sarajevo. L’empire austro-hongrois vieillissant voit là l’occasion de mâter les mouvements autonomistes au sein de l’empire et ceci avec l’appui de l’Allemagne. L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet. L’Allemagne mobilise des troupes le 2 août, suivie par la France. Le 3 août, France et Allemagne sont en guerre. La Belgique se déclare neutre, mais le 4, l’Allemagne demande le droit de passage de ses troupes sur le territoire belge, ce que le roi, qui sera connu bientôt comme le roi Chevalier, refuse et c’est la guerre. Cinq Armées allemandes, adossées au Rhin, pénètrent en Belgique en application d’un plan préparé depuis 10 ans. Elles bousculent les forces belges, courageuses, mais trop faibles et la Belgique demande l’aide de la France. En Bretagne, à Rennes, Vitré, Guingamp, Lorient, on se prépare à faire mouvement vers la Belgique, tout comme on s’y prépare en Normandie à Cherbourg, Granville, Saint-Lô, Rouen. La plupart des conscrits ignorent tout de la Belgique, ils la connaîtront bientôt par le sang et les larmes. Ils sont emmenés par voie ferrée et dans des conditions souvent chaotiques jusque dans le sud des Ardennes. Ils sont un peu perdus, tout est allé si vite et ils commencent à leur marche vers le nord, vers la Sambre dont ils doivent interdire le passage aux Allemands. La chaleur est étouffante, le sac et les armes écrasent le dos, le ravitaillement ne suit pas toujours comme il faudrait, la fatigue se fait sentir. Le 10ème Corps d’Armée qui comprend de nombreux régiments bretons et normands, soit l’aile droite de la 5ème Armée du général Lanrezac, a reçu pour mission de passer à l’offensive au nord de la Sambre. Dès le 21 août, le 10ème C.A. en position autour de Roselies, Tamines, Auvelais, Arsimont, Le Roux, Fosses, Vitrival, est attaqué au sud de la Sambre car les avant-gardes allemandes ont commencé leur mouvement tournant avec Namur comme pivot de manœuvre. La bataille dite de Charleroi commence le 21 août vers 13h00 et dès la fin de la journée le succès se dessine en faveur de la IIème armée allemande, plus nombreuse, mieux armée, qui a pu aménager le terrain. Les Allemands réussissent à passer la Sambre à Charleroi. Le 22, les Allemands consolident leurs positions au sud de la rivière. Tamines et Auvelais sont constitués en points d’appui avec de l’artillerie et des mitrailleuses et ils progressent méthodiquement. Le gros de la 5ème Armée s’est repliés à 8 km au sud et espère contenir les Allemands les 22 et 23 août en attendant l’arrivée de la 4ème Armée à sa droite. Les 22 et 23 août sont des journées de massacre. Les Français déjà malmenés le 21 qui se lancent à l’assaut des positions allemandes sont écrasés par l’artillerie, hachés par le tir des mitrailleuses et des mortiers. La doctrine française selon laquelle, lors des combats de rencontre, les charges à la baïonnette viendraient à bout de l’ennemi s’avère désastreuse. Nos soldats, fauchés en pleine action, ne parviennent même pas au contact de l’ennemi et il faudra les 34.000 morts de l’offensive de Charleroi pour que l’Eta-Major comprenne enfin que « le feu tue ». La 5ème Armée menacée d’encerclement doit se replier. Au cours de ce repli, le corps colonial est durement attaqué dans les Ardennes et le 1er Régiment d’Infanterie colonial de Cherbourg y est anéanti. On se repliera ainsi jusqu’à la Marne où le 13 septembre on arrête puis repousse les forces allemandes. Quatre années de guerre atroce des tranchées s’ensuivront. Français et Belges ont été à cette occasion frères d’armes. Je pense bien sûr à l’armée belge mais aussi à tous ces civils fusillés ou massacrés (1.500) sous le prétexte d’être des francs-tireurs ou des espions. Les exemples abondent des signes d’amitié et de soutien apportés aux Français. Cette fraternité ne se limite pas à la Sambre ou à la Meuse car des milliers de réfugiés sont venus en France et, pour parler de la Normandie, le département de la Manche a accueilli plus de 5.000 Belges civils et militaires. Des hôpitaux, des centres d’accueil, de convalescence et d’instruction gérés en commun ont été mis sur pied. Cette même politique sera appliquée dans d’autres provinces de la France. C’est en 1916, dans une petite ville près de Cherbourg, Carteret en l’occurrence, où l’on voit des recrues belges, leurs instruction terminée, prendre le train en direction du front. La population de Carteret est là, elle donne des fleurs aux soldats, et quelques provisions. Et je me demande combien de ces braves gars ont pu regagner leur patrie ? Nous remercions les autorités belges et le Souvenir Royal de Le Roux du soin qu’ils apportent au maintien de la mémoire de tous ces Français tombés ici en Belgique. Nous vous assurons de toute notre reconnaissance et nous vous demandons de croire que, nous aussi, nous voulons garder la mémoire des Belges tombés en France pour un but qui nous est commun, à savoir la liberté de nos pays.
Date de création : 27/03/2017 @ 16:48
Dernière modification : 27/03/2017 @ 16:50
Catégorie : Hommages 2016
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