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Hommages 2013 - Dans la Presse
Extrait du journal « L’Avenir » page 5 du mercredi 14 août 2013 _______________________ Texte intégral.
L’Allemagne s’inclinera à la Belle-Motte· Pierre WIAME Ce dimanche 18 août, la nécropole de la Belle-Motte accueillera une grande première : l’Allemagne y participera à l’hommage aux morts d’août 1914. Ce dimanche 18 août, à Le Roux, le cimetière de la Belle-Motte résonnera encore de l’hommage aux morts. Les roses de l’ossuaire, les arbres et la végétation tout autour, dans cet écrin bruissant et doré des champs, se gorgeront de l’émotion que suscite encore, 99 ans plus tard, la perpétration d’une boucherie aussi abominable. C’était en août 1914, dans une campagne pittoresque fleurant bon l’été, invitant à la balade, à la promenade, à la rêverie.
Le président du Comité du Souvenir Pierre Godenne, et son petit-fils Hugo. A la Belle-Motte, les enfants parrainent une tombe.
C’étaient des Français, de jeunes gens venus de Normandie et de Bretagne – de la région de Guingamp notamment –, à qui l’on avait dit que ça n’allait pas durer longtemps. C’était tout cela et ce fut la mitraille et le canon qui déchirèrent ces beaux jours, ce fut le sang qui se mélangea aux labours. Ce furent des milliers de soldats français relevés morts du champ de bataille, un trou rouge dans le corps. Des centaines de fusillés innocents. Mais le Comité du souvenir a osé aller plus loin cette année, en invitant l’ennemi par la faute duquel tant de malheur est arrivé. Désormais, à la veille d’un centenaire qu’il prépare déjà activement, le Comité du souvenir se souviendra de la Belle-Motte en y associant tous les belligérants. «Cette mémoire partagée signifie que nous avons invité tous les belligérants, alliés ou adversaires, qui, au-delà de la Sambre, ont pris part à la première guerre mondiale » déclare Daniel Tilmant, président d’honneur et délégué local du Souvenir Français. Le petit soldat allemand Se sont battus en Belgique, contre l’Allemagne envahisseuse, et un peu l’Autriche, de nombreux états. Aux côtés de la Belgique sont partis en guerre la France, le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Pologne et, moins connu, l’Australie. Pour lancer cette invitation, le Comité du souvenir s’est appuyé sur la remise du prix Nobel de la Paix à l’Union européenne, un continent qui, à l’exception de la guerre qui ravagea l’ex-Yougoslavie, a eu l’intelligence de construire une paix durable. L’Allemagne, l’ennemi juré d’hier, sera donc invitée à fouler les graviers de la nécropole de Le Roux, ce qui constitue une grande première. «À la veille du centenaire, il fallait le faire, et même osé le faire explique Daniel Tilmant, qui y pensait depuis 10 ans. Nous ne tournerons pas la page, nous n’oublierons pas les centaines de fusillés de Tamines et de Dinant, c’est inexcusable, mais le petit soldat allemand sur la Belle-Motte n’avait pas demandé non plus à venir faire la guerre et sa famille en Allemagne a pleuré de la même manière qu’une famille belge ou française perdant un de ses fils. Ce fut le même déchirement, la même douleur ». Un symbole fort sera posé : l’Allemagne et la France, via leur représentant respectif, le consul de France à Bruxelles et le ministre conseiller de l’ambassadeur d’Allemagne à Bruxelles, déposeront conjointement une seule et même gerbe. «Cela, c’est eux qui l’ont voulu, c’est un beau geste pour l’Europe » poursuit le président. Ce dimanche 18 août, c’est à 11 heures que le temps se figera à la Belle-Motte, en hommage officiel et national aux 4 060 soldats de la bataille de la Sambre. Rendez-vous ce dimanche 18 août, dès 9h30, sur la place communale de Le Roux, pour la mise en place des troupes et des musiques.
Extrait du journal « L’Avenir » pages 1 – 2 et 3 du lundi 19 août 2013 _______________________ Texte intégral.
On s’est souvenu de l’été meurtrier d’août 1914· Pierre WIAME Malgré la pluie battante, l’essentiel a été redit hier, à Le Roux, au milieu des croix blanches : au lieu de faire la guerre, on aurait dû jouer de la musique ensemble.
Chaque année après le 15 août, à Le Roux, les morts de la nécropole militaire sont choyés de fleurs, d’hommages contrits et émus. On leur dit, à titre posthume, que la guerre fut une erreur. Qu’ils ne méritaient pas de mourir si jeune, et dans des conditions aussi atroces, même pour un drapeau. Voilà longtemps qu’on ne les pleure plus mais on leur demande pardon pour cette erreur, ce gâchis, au nom de l’Union européenne, ce grand projet civilisateur, né du chaos. Né de l’apocalypse. Ce fut encore le cas hier dimanche : une foule de personnalités politiques et militaires, de pèlerins du souvenir et d’enfants, ont commémoré le 99e anniversaire des sanglants combats de la Sambre. Ceux qui, en août 1914, à l’aube d’une grande guerre, ont entraîné tous ses acteurs, militaires et civils, dans un pêle-mêle d’horreurs et de cauchemars indicibles. «Souvenons-nous de cet été meurtrier de 1914, a déclaré Dominique Grenier, le bourgmestre f.f. d’Aiseau-Presles. Souvenons-nous des soldats mais aussi des victimes civiles qui ont payé de leur vie, simplement parce qu’elles étaient là, sans même défendre une position, sans même être ennemis.» L’Allemagne, 99 ans plus tard, est représentée à Le Roux par un ministre-conseiller auprès de l’ambassade à Bruxelles, Wilhelm Spaeth. Ces victimes de Le Roux, qui sont mortes pour avoir défendu tantôt un pont tantôt un village, qui ont été envoyées au casse-pipe contre un ennemi allemand cruel, ivre de conquête, barbare aussi, ces morts-là auraient-ils pu imaginer que cette ennemie d’hier soit aujourd’hui amie, associée à l’anniversaire ? Les actes commis sont inexcusables mais, au-delà, «sachons transmettre ce message conclut le bourgmestre, il n’y a pas de coupables dans un conflit, il n’y a que des victimes». Quatre mille soixante soldats sont morts au cours des combats de la Sambre : «C’est un nombre énorme, c’est le nombre de morts enterrés ici, en cette nécropole de la Belle-Motterappelle Jessica Gossart, au nom de la Jeunesse. Il y a 99 ans, ils sont tombés à Tamines, Ham-sur-Sambre, Arsimont, Fosses, Aiseau, Roselies. En Entre Sambre et Meuse, ils ont été près de 8 000 soldats à mourir, Bretons, Bordelais, Normands et Africains du nord. Les atrocités de la guerre, nous ne les avons pas connues mais leurs tombes sont autant de symboles qui peuvent nous aider à comprendre, pour que cela n’arrive plus jamais». Pierre Godenne, le président du Comité du Souvenir, organisateur de cette commémoration annuelle, rappelle, lui que le 22 août 1914, près d’un millier de soldats Français et Allemands trouveront la mort sur le champ de bataille de la Belle-Motte. Et l’orateur de rendre hommage à tous les belligérants européens, alliés de toujours et ennemis d’hier, aujourd’hui réconciliés dans une Europe en paix. «Partager ces cérémonies du Souvenir avec les pays ayant vécu cette même tragédie, qu’ils soient alliés ou adversaires, c’est aussi renforcer la paix dans le cadre de la «Mémoire partagée».
Une fois par année, les roses fleurissent sur les croix.
Les discours les plus percutants sont toujours improvisés. Le consul général de France à Bruxelles, Sylvain Berger, l’a dit avec des mots simples. Il a rappelé la réconciliation franco-allemande, en 1963 : «La souffrance, elle a été des deux côtés. On peut se dire, après coup, avait-on besoin de faire la guerre si c’est pour se réconcilier après ? On aurait mieux fait de s’entendre tout de suite et de jouer de la musique ensemble. Mais peut-être a-t-il fallu toutes ces souffrances pour qu’on se rende compte que, par la guerre, on n’obtient aucune victoire durable. Le seul moyen de la paix, c’est l’amitié entre les peuples, c’est l’Europe». C’est le message limpide et définitif que laissent tous ces morts de Le Roux.
Comment tuer l’homme qui vous ressemble ?Malheureusement, on n’a presque entendu qu’elle. La pluie, hier matin, a accompagné toute la cérémonie d’hommage aux morts de la nécropole, quasi muet à cause d’une panne générale d’électricité. Elle a crépité sur les parapluies largement ouverts, sautillé sur les instruments, roulé sur les képis des militaires. Les flonflons de l’harmonie de Fraire, qui l’ont inaugurée, ont résonné dans un décor de petit déluge, dans une atmosphère marine de Bretagne, comme si elle avait voulu rendre hommage elle aussi, et avec force, à tous ces petits gars allongés là, et qui l’ont quittée un jour d’août 1914 pour venir mourir sur la Sambre. Ils venaient de Saint-Malo, de Caen, Cherbourg, Saint-Brieuc, Rennes, Guingamp et d’autres coins de ce grand ouest de la France où il pleut souvent. Privée de micro, scandaleusement trempée, tristement désertée par les enfants qui sont pourtant là chaque année pour parrainer une des tombes et la fleurir d’une rose, la cérémonie n’en a pas moins été émouvante et blanche d’espérance. Tandis que retentit le bourdon, Rose-Marie Legrain a lu un bel hommage aux victimes, des deux côtés de la Sambre. « À Léopold qui a fait la guerre et qui a attaqué à la baïonnette, on lui a recommandé de ne pas regarder le visage de l’ennemi. Car comment tuer l’homme qui fait face, qui transpire la peur et qui vous ressemble ? Fils d’une mère inquiète, époux d’une femme qui tremble en voyant arriver le facteur… » Et de poursuivre : « Aujourd’hui, les mères d’Europe ne tremblent plus en voyant leur fils grandir, dans la peur de les voir devenir chair à canon. Aujourd’hui en Europe, il faut raconter, pour que « plus jamais ». La musique a parfois de ces talents. Les notes fluettes et boisées de l’hymne européen s’envolant dans l’air ont semblé, dans ce propret décor de mort et de folie humaine, légères comme l’été. Elles semblaient dire : «Ce carnage-là, cela n’arrivera plus ». P.W. Quatre médaillés, dont un centenaireEn prélude aux cérémonies, quatre Fossois ont reçu samedi matin, au château Winson, la médaille du Souvenir français. Parmi eux, un centenaire, l’abbé Léon Goret, qui fut curé de la paroisse de Roselies de 1953 à 1998. Son prédécesseur, l’abbé Pollard, fut lâchement fusillé le 22 août 1914. Chaque année, dans son sermon, il rendait un vibrant hommage aux soldats français pour leur bravoure et leur abnégation. Second récipiendaire, Anny Batardy, qui a été échevine en charge des Associations patriotiques de la ville de Fosses-la-Ville de 1995 à 2012. Le comité du Souvenir a toujours pu compter sur son écoute et son aide pour réaliser ses projets à la mémoire des soldats français inhumés à la nécropole de la Belle-Motte. Jean Romain, dernier bourgmestre de Fosses avant les fusions de commune, fut un grand résistant durant la dernière guerre et membre de l’Armée Secrète. Il participe à la plupart des déplacements du Comité du souvenir, notamment à Guingamp, pour commémorer le souvenir du maquis de Coat-Mallouen. Enfin, quatrième et dernier récipiendaire, Robert Dewez, engagé volontaire durant la seconde guerre mondiale. Il fête en 2013 son 40e anniversaire en qualité de président du groupement patriotique de Sart-St-Laurent. Tous ont été médaillés par le Lt-colonel Claude Michel, délégué général du Souvenir Français pour la Belgique. P.W.
Assis au premier rang, les quatre récipiendaires de la médaille du Souvenir Français, Jean Romain, Léon Goret, Robert Dewez et Anny Batardy. Date de création : 29/03/2016 @ 12:33
Dernière modification : 29/03/2016 @ 12:54
Catégorie : Hommages 2013
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