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Hommages 1993 - Robert HEBRAS
Commémoration du 79ème anniversaire des Combats de la Sambre
Nécropole militaire française de la Belle-Motte
Discours
prononcé par Robert HEBRAS,
un des rescapés d’Oradour-sur-Glane
Dimanche 22 août 1993
_______________________
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Chers Amis,
Je viens tout d’abord remercier le Comité du Souvenir de Le Roux et particulièrement son président Daniel Tilmant qui m’a fait l’honneur d’être parmi vous ce jour pour commémorer le 79ème anniversaire des Combats de la Sambre du 22 août 1914.
J’ai vécu moi-même dans un temps plus près de nous et pour la citer, la seconde guerre mondiale dont je peux encore témoigner.
On retrouve à un intervalle de 30 années un similitude frappante de faits entre Tamines et Oradour-sur-Glane :
▪ le rassemblement de la population,
▪ la séparation des hommes, des femmes et des enfants,
▪ les hommes conduits sur les lieux d’exécution,
▪ les femmes et les enfants dans l’église.
Par contre à Oradour, les femmes et les enfants sont péris brûlés dans l’église incendiée par les nazis, ainsi que tout le village.
Le 10 juin 1944, quatre jours après le débarquement des Alliés sur les côtes normandes, une compagnie de S.S. de la division DAS Reich, sans aucune raison apparente a investi mon village natal du Limousin, Oradour-sur-Glane, a rassemblé toute la population, hommes, femmes et enfants sur la place du champ de foire. Après avoir fait deux groupes, les femmes et les enfants ont été conduits dans l’église, nous les hommes dans divers granges et garages. Moi-même, je me suis retrouvé dans une des granges avec une quarantaine d’hommes jeunes et moins et jeunes, voisins et amis.
Après avoir mis leurs mitrailleuses en batterie, au signal donné par une forte détonation entendue dans tout le village, la fusillade a commencé.
Puis, nous avons été couverts de paille et de fagots, les S.S. y ont mis le feu.
Par miracle quelques uns d’entre-nous n’étaient que légèrement blessés, et dans la pénombre nous avons pu nous glisser hors du brasiers et après s’être cachés ici et là nous avons attendu le départ des bourreaux.
De ce lieu de supplice, cinq hommes dont je faisais partie ont survécus. Hélas à ce jour, nous ne restons plus que trois survivants dont je suis le plus jeune.
Une seule femme est sortie de l’église en se jetant par un vitrail, a été blessée par une rafale de mitraillette et a été laissée pour morte.
L’anéantissement du village a fait 642 victimes (dont 445 femmes et enfants), 15 hectares de ruines, (328 constructions détruites).
Je remercie la Belgique de sa volonté à perpétuer ce Souvenir douloureux de la Grande Guerre, et à veiller à ce que les générations actuelles et futures ne se laissent pas aller à l’oubli.
Moi-même, pour les mêmes raisons, j’ai décidé après maintes réflexions d’écrire mon témoignage, afin de préserver la mémoire « VRAIE » que je dédie à tous ceux qui à travers les siècles et le monde, ont subi et subissent l’intolérance, la haine et la violence de la part d’autres hommes.
Date de création : 20/01/2011 @ 17:51
Dernière modification : 20/01/2011 @ 17:51
Catégorie : Hommages 1993
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