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Hommages 1993 - Lisiane TILMANT
Commémoration du 79ème anniversaire des Combats de la Sambre
Nécropole militaire française de la Belle-Motte
Discours
prononcé par
Lisiane TILMANT,
au nom de la jeunesse belge
Dimanche 22 août 1993
_______________________
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Chers Amis,
Nous voici réunis une nouvelle fois à Belle-Motte dans un décor calme, paisible et silencieux. La paix qui règne ici est bien réelle.
Et pourtant, il y a 79 ans, des jeunes connus et inconnus ont sacrifié leurs vies pour cette paix que nous essayons encore aujourd’hui de conserver ou de rétablir pour construire un monde meilleur, un monde de la Fraternité.
L’écrivain français Jean-Paul Sartre a écrit un jour ces quelques mots : « Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent. » Aujourd’hui, recueillons-nous et souvenons-nous de ces pauvres et jeunes soldats qui sont tombés au nom de la Paix et de la Liberté.
Ils sont morts, pour nous. Un soldat a tué un autre soldat. Se connaissaient-ils ? Non… peut-être. Et pourtant, ils se sont battus, parce qu’ils obéissaient aux ordres de personnages politiques. Tous les soldats, dans les différents camps, amis ou ennemis, avaient leurs propres idéaux et défendaient leurs nations… Il a fallu un vainqueur et un vaincu. Mais à quel prix ! ceux qui ont eu la chance de rester en vie, ont été profondément marqués et n’oublieront jamais ces années de guerres et de souffrance pendant lesquelles sont morts leurs amis. Grâce à eux, les jeunes doivent comprendre qu’une guerre n’est jamais juste, qu’elle emplit le cœur des hommes d’un sentiment de haine et de fanatisme.
Cependant, à l’aube du 21ème siècle, les jeunes ne comprennent plus vraiment les haines qui ont engendré ces deux guerres mondiales. Mais, il y a d’autres guerres, autre part, loin de nous. Chaque jour, les journaux télévisés nous montrent des images d’horreur venant de Bosnie de Somalie, d’Afrique du Sud, du Liban et d’autres pays encore dont on ne parle même pas : tueries, massacres et bombardements, motivés par la haine de celui qui est différent.
C’est le cauchemar d’il y a 50 ans, que l’on croyait devenu impossible et que nous ne pouvons pas ignorer. Ce qui ressort devant tout cela est un sentiment de haine et de refus. Il faudrait bouger. Il faut agir. Et en cette fin du 20ème siècle, des jeunes français, belges et autres nationalités, des jeunes de tous horizons, sous l’égides des Nations-Unies et autres organisations internationales, tentent, en risquant leurs vies, d’établir des zones de paix en Croatie et en Somalie. Ils ont droit à notre reconnaissance parce qu’ils veulent diffuser, peut-être inconsciemment certes, dans une autre époque et avec d’autres moyens, le message de paix et de liberté que nous ont laissé des milliers de combattants, tués en ces lieux-mêmes.
Voici maintenant trois semaines que le Roi Baudouin est mort. Lui aussi était très préoccupé par les guerres qui ravagent l’ex-Yougoslavie et la Somalie. Il a passé plus de 40 ans au milieu de son peuple et au cœur du combat pour la paix.
De plus, le Roi s’est fréquemment adressé aux jeunes. Il nous a dit notamment ceci : « A côté de tant de détresse, il ya la vie (…) qui vaut la peine d’être vécue. Le monde a besoin de personnes généreuses qui respectent l’autre, lui font confiance, l’aident et lui sourient. Seul l’amour véritable peut changer notre monde. » Car en effet, le monde a besoin de joie et d’amour, armes plus puissantes que la bombe atomique, et c’est à nous, les jeunes, de les donner chaque jour même si c’est très difficile.
Le Roi nous a demandé aussi « de nous engager courageusement dans la construction d’une société plus juste, plus fraternelle et plus généreuse. »
Alors, en regardant dans ce cimetière, toutes ces stèles, en songeant à nos parents et grands-parents morts à la guerre, suivons cet appel à l’Union, à la paix, à la Fraternité et à l’Amour.
Que ces hommes qui ont perdu la vie sur ces champs de bataille, que ceux qui sont ici à nos côtés, nous réapprennent les valeurs de solidarité, de liberté et des respect d’autrui.
On ne peut pas oublier le passé. Il nourrit le présent. Les jeunes doivent avancer dans l’Histoire sans tourner le dos au passé.
Au début, j’ai parlé du silence qui nous envahit quand on arrive ici à Belle-Motte. Derrière ce silence, nous devons entendre siffler à nos oreilles un message. Reprenons ce message d’Espoir, de Liberté et de Paix et construisons une fois pour toutes un monde sans haine, sans conflit et sans souffrance. Je terminerai par ces quelques mots de Gandhi qui s’est battu lui aussi pour la paix : « La plus grande force dont puisse disposer l’humanité est le non-violence. »
Lisiane TILMANT
Université catholique
de Louvain-la-Neuve Date de création : 20/01/2011 @ 17:47
Dernière modification : 20/01/2011 @ 17:47
Catégorie : Hommages 1993
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