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Hommages 2010 - Michel TELLIER
Commémoration du 96ème anniversaire des Combats de la Sambre
du dimanche 22 août 2010
au cimetière militaire français de la Belle-Motte
Discours
prononcé par Monsieur Michel TELLIER
Maire de Soisy-aux-Bois (Fr)
en sa qualité de Président de Mondement 1914
_______________________
Mesdames,
Messieurs, en vos titres, grades et qualités,
Chers amis Belges et Français, anciens combattants, permettez-moi de saluer avec respect et émotion les hautes personnalités ici présentes, ainsi que tous ceux qui participent à cette cérémonie.
Permettez-moi également de saluer le travail remarquable du comité du souvenir de Le Roux, de son président le colonel Christian CHABOT et du président d’honneur Daniel TILMANT.
J'éprouve aujourd’hui une grande satisfaction d'être parmi vous, amis fidèles qui, de génération en génération gardez le culte du souvenir.
Vous êtes venus en ces lieux pour commémorer en ce 96ème anniversaire le souvenir de tous ceux qui sont tombés l’été 1914 pour la Belgique et pour la France, ces deux sœurs qui combattaient pour la même cause et le même but : sauver leur liberté et leur indépendance.
C’était le 22 Août, comme aujourd’hui
C’était les premiers jours de guerre, une guerre qui durera quatre années.
Une guerre comme l'homme n'en avait jamais connu, si terrible qu'elle semblait épuiser le monde, et qu'on doutait de pouvoir un jour en guérir les blessures.
Aux territoires, les plus riches de France et de Belgique, elle avait substitué un désert de boue, hérissé de moignons d'arbres ; à des peuples heureux, des cohortes d'hommes harassés, transis d'angoisse.
Sur beaucoup d'entre eux, elle avait laissé sa marque - bras et jambes arrachés, visages détruits, regards absents. A beaucoup d'autres encore, elle avait pris la vie.
Mesdames, Messieurs, le temps n'efface pas notre dette à l'égard de ceux qui donnèrent leur jeunesse pour notre liberté. Il n'efface pas le sens du sacrifice - et il fut immense, chez ces hommes qui offraient leurs vies pour leur Pays, quand leurs familles offraient, à l'arrière, leur attente et leur peur.
Le temps n'efface pas le sens de l'héroïsme - et jamais sans doute, dans l'histoire de la France, il n'y eut tant de héros que dans les tranchées de 1914 !
Héros, ceux qui chargeaient à la baïonnette.
Héros, ceux qui creusaient, se terraient et tenaient sous le fracas des obus.
Héros ceux qui ont combattu, non parce qu'ils voulaient la guerre mais parce qu'ils aimaient la paix.
Non, le temps n'efface pas leur courage !
Le temps n'efface pas la solidarité nationale, qui pressait un pays entier derrière ses troupes, et qui, avec elles, se refusait à l'invasion.
Le temps n'efface pas la fraternité humaine.
Je crois que dans la fièvre de la mobilisation, beaucoup de Français sont partis en guerre avec, au cœur, la haine de l'adversaire.
Ils en sont rentrés avec le respect des Allemands.
Là où ils croyaient combattre un peuple impitoyable, ils avaient rencontré des hommes ; ils avaient partagé leurs blessures ; ils avaient côtoyé leurs fatigues.
On n'efface pas, même en 96 ans, même en un siècle, les effets d'une pareille épreuve.
On n'efface pas, même en 96 ans, le sentiment profond de commune appartenance qui lie les peuples entre eux, quand ils ont touché du doigt le danger mortel de leur propre acharnement.
Il ne se haïssait pas car la haine n’a pas sa place dans cet espace morbide.
Ils ne se haïssaient pas car le linceul qui enveloppe le sacrifice suprême ne distingue pas le grade, l’origine, la nationalité.
Tous ces sacrifices pour la plupart consentis librement se heurtaient cependant à la crainte d’être portés disparus, de sombrer dans l’anonymat et d’imaginer leurs familles placées dans le doute, l’incertitude, l’angoisse du lendemain.
Ces soldats acceptaient d’être meurtris dans leur corps mais refusaient d’être méconnaissables dans leur identité.
Et pourtant… Que de soldats inconnus furent ensevelis dans des fosses communes, appelées ossuaires.
Ici à la Belle Motte, il y en a 2875.
Pauvres soldats, morts deux fois ; d’abord dans leur chair, ensuite dans leur nom.
Pauvres soldats ensevelis dans l’anonymat pour l’éternité, recevant des hommages collectifs suppléant les recueillements familiaux et affectifs.
Le respect, certes, mais le respect national sans l’émotion privée.
Pauvres soldats qui errent dans une mémoire publique et fragile puisqu’elle n’est pas personnelle et nominative.
Aujourd’hui, 96 ans après, il convient d’honorer tous nos soldats morts au champ d’honneur et avoir une pensée particulière pour ces hommes sans non.
Recueillons-nous devant ces ossuaires. Ce sont nos propres aïeux qui sont là, ils le sont au même titre que ceux qui reposent dans nos tombes familiales.
Ici il n’y a plus d’étrangers, de métropolitains ou de coloniaux ; il y a cette grande famille de ceux qui portent l’uniforme et les armes au service de la Patrie.
Inclinons-nous avec respect et prions. Que notre prière s’élève avec les vers du poète Bonetti.
« Qui sait si l’inconnu qui dort sous l’Arche immense,
N’est pas cet étranger, devenu fils de France,
Non par le sang reçu mais par le sang versé »
Ensemble, continuons à enseigner le sens du sacrifice des soldats de la grande guerre aux jeunes et aux nouvelles générations
Ensemble, continuons à développer et encourager la transmission de ce passé commun.
Ensemble, faisons vivre les traces du passé.
Michel TELLIER
Maire de Soizy-aux-Bois
Président de Mondement 1914, les Soldats de la Marne.
Date de création : 15/01/2011 @ 21:41
Dernière modification : 18/01/2011 @ 20:08
Catégorie : Hommages 2010
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