Mémorial du 25è RI
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Hommages 1922 - 1922 Ernest COTELLE
Discours prononcé par Monsieur Cotelle le 20 août 1922 à l’inauguration du monument Franco-Belge d'AISEAUMonsieur le Bourgmestre, Mesdames, Messieurs, Je le disais l'année dernière dans le cimetière voisin : Le Roux et Aiseau n'oublient pas. Et comment pourraient-ils oublier ? N'a-t-il pas connu les horreurs de l'invasion et la souillure de l'occupation allemande ? Ces ruines encore présentes dans la Belgique entière proclament la barbarie d'un ennemi, qui, non content d'avoir pillé et brûlé vos maisons, assassina lâchement 12 de vos concitoyens désarmés. Aiseau n'a-t-il pas donné à la Patrie 15 de ses enfants, tombés de Liége à l'Yser pour défendre jusqu'à la mort, je devrais dire jusqu'à la Victoire, l'étroit et dernier lambeau de terre belge resté inviolé ? Et comme si tout cela ne suffisait pas, Aiseau n'a-t-il pas le triste, mais glorieux privilège de compter dans ses deux cimetières militaires le plus de tombes françaises, éternels témoins de la sanglante tuerie ? Voilà pourquoi, Messieurs, en 1920, vous aviez déjà, dans une délicate et touchante pensée, associé nos « martyrs » aux vôtres, abritant sous un arc de triomphe symbolique un pieux cénotaphe, au pied duquel s'entassaient les fleurs et les couronnes. Aujourd'hui vous faites mieux encore : par une œuvre plus durable vous avez voulu perpétuer la mémoire de nos héros ; et ce n'est pas sans émotion qu'ici, comme à Falisolle, comme dans toute la contrée, je retrouve fraternellement unis dans votre reconnaissance et dans votre admiration les soldats de la France et ceux de la Belgique sœur. Soyez-en remerciés, Messieurs. Soyez-en félicités aussi, car vous avez eu raison. Ce Temps, en effet, ronge et efface. « Et l'oubli vient au cœur comme aux yeux le sommeil » a dit Alfred de Musset. Ah ! certes, la génération actuelle n'oubliera pas ; les pères, les mères, les veuves, les orphelins se souviendront. Mais plus tard … Cela, il ne le faut pas, Messieurs. Aussi avez-vous gravé dans la pierre, afin qu'ils soient gravés dans le souvenir des vivants, les noms dont la Commune est fière. Chaque année, aux jours des cérémonies patriotiques, vous vous grouperez autour de cette stèle toujours fleurie. Ce sera pour les familles en deuil une douce consolation de voir ainsi honorer leurs chers morts ; et, s'il en est parmi elles qui cherchent en vain un fils, un mari disparu, qu'elles voient dans ce monument la pierre tombale de ceux qui n'ont pas de tombe, comme eux, de là-haut, trouveront sur cette pierre le nom qui manque sur leur croix de bois. Et puis, ce monument restera pour les générations présentes et à venir une leçon et un exemple. Avec raison, pour qu'il parle aux cœurs, vous l’avez placé au cœur même de la commune. Chez nous aussi, dans les 36.000 communes de France, nos populations rurales à l'âme simple et sensible ont voulu avoir près d'elles, entre leur petite mairie et leur modeste église, la liste longuement douloureuse des enfants du pays morts pour la Patrie, Ah ! Messieurs, que de listes et combien longues ! Dans les seules communes suburbaines de Saint-Brieuc ; à Langueux, 99 morts; à Ploufragan, 142; à Plérin, 190! à Saint-Brieuc même 550 morts et plus ! Dans ma seule rue, comptons ensemble : au n° 2, un mort ; au n° 4, trois morts ; au n° 6, chez moi, deux morts ; six morts, messieurs, pour trois maisons contiguës, occupées par six familles ! Vous avez donc bien fait d'associer dans votre commune gratitude nos morts aux vôtres. Quelle leçon ! Vous déclarez par là indéfectible l'union de la Belgique et de la France martyres. « On aime, a dit Renan, un grand écrivain breton, en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. La souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun. » Si cela est vrai, Messieurs, non seulement nos triomphes, mais encore nos deuils communs nous imposent le devoir impérieux de rester unis, indissolublement unis ; et c'est la première leçon que, moi Français, je tire de l'émouvante cérémonie d'aujourd'hui. Il y en a une autre, ou plutôt non ; c'est la même, l'unique conclusion à laquelle toutes nos déductions, tous nos sentiments, tous nos intérêts doivent fatalement, nécessairement aboutir, et vous, écoliers - car aux enfants il faut montrer ceux qui les dépassent, et « la morale, a-t-on dit, s'enseigne par les héros » - quand vous passerez devant, chaque jour, cette pierre vous rappellera la sublime abnégation, l’héroïque sacrifice de vos aînés et le devoir d'imiter vos pères et vos grands frères, si jamais besoin était. Dieu veuille, Messieurs, que jamais plus l'appel aux armes et le tocsin sinistre ne retentissent dans nos paisibles clochers. Il y a quinze jours, à Saint-Brieuc, j'ai entendu Monsieur le Maréchal Foch dire en exaltant le courage des poilus de la Grande Guerre : « Ce qui soutenait ces hommes sous la mitraille, c'était la pensée que par leur dénouement et leur mort ils préservaient leurs femmes et leurs enfants du retour d'une pareille calamité.» -« J'ai regret de mourir, dit un père, à cause de mes enfants. – Moi riposte un autre, c'est à cause de mes enfants que je ne regrette pas : ils auront la paix, eux ! » Puisse-t-il en être ainsi, Messieurs.Mais il serait peut-être ingénu et candide, très imprudent en tout cas, de trop y croire. Avec notre légèreté insouciante du péril, avec notre instinctive confiance en la loyauté d'autrui, nous n'avions rien vu du crime qui se préparait. Nous nous laissions bercer, endormir par les songes creux d'un pacifisme aveugle. Le réveil fut brutal. L’expérience nous a coûté cher ; qu'au moins elle nous profite. « Certes nous haïssons la guerre. Pour ne pas la haïr, il faudrait ne point l'avoir faite, ne pas en avoir vécu toutes les horreurs. Nous voulons donc que tout soit mis en œuvre pour en éviter le retour. » Mais nous n'oublierons pas la leçon terrible de la guerre. Ce n'est pas moi, Messieurs, qui parle ainsi ; c'est avec raison l'un de vos Ministres, celui-là même qui assume la charge de votre défense. Et quel est donc le meilleur moyen d'assurer, de conserver le bienfait de la paix ? Etre vigilants et unis. Oui, Messieurs, union des citoyens d'une même nation, sans souci des divergences philosophiques, religieuses ou politiques ; union des nations qui ont combattu et souffert ensemble, voilà ce que réclament nos morts, voilà ce que réclame notre sécurité, Ainsi nous serons forts par l'union des cœurs et des volontés, forts par la mise en commun des ressources de toute nature, forts « viribus unitis » selon votre belle devise : L’Union fait la force. Et paraphrasant un mot de Pascal, faisons que ce qui est fait soit juste ; mais n'oublions pas que la justice sans la force est impuissante. Je n'ai pas qualité pour parler au nom de la France - de la France, démocratie sincèrement pacifique, Messieurs, - je parle en mon nom personnel, en père qui a donné ses fils à la Patrie et qui désire, croyez-le bien, épargner aux autres le même douloureux sacrifice : en patriote aussi, qui, comme vous, préfère sa patrie à celle des autres et qui veut que vivent à jamais la France et la Belgique, cette Belgique et cette France, qu'il ne sépare pas dans son cœur deux fois meurtri et d'autant plus fervent. Vive la Belgique, Messieurs, et Vive la France ! Cotelle E. Professeur au Lycée de Saint-Brieuc. Père du sous-lieutenant Georges Cotelle, enterré à la Belle-motte et du sous-aide-major Henri Cotelle, tombé à Mailly-Raineval (Somme). Date de création : 07/12/2010 @ 16:19
Dernière modification : 22/01/2011 @ 15:25
Catégorie : Hommages 1922
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