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Hommages 1977 - Guy COHN
Commémoration du 63ème anniversaire des Combats de la Sambre
Nécropole militaire française de la Belle-Motte
Discours
prononcé par le
Commandant (e.r.) Guy COHN
Président de l’Amicale des Anciens du 3ème Zouaves
Dimanche 21 août 1977
_______________________
Comme chaque année, à la même époque, les mêmes personnes viennent se découvrir sur les tombes de ceux qui sont tombés sous le feu de l’ennemi le 22 août 1914 dans cette région de la Sambre, par devoir, par discipline, pour conserver intact le sol de leur Patrie menacée et pour permettre aux jeunes de grandir dans la quiétude.
Je répète : comme chaque année.
Avez-vous remarqué que, à l’église, le dimanche, lorsque nous participons à la prière commune, ou quand nous récitons une dizaine d’Ave Maria de notre chapelet, nous avons tendance à laisser s’envoler notre esprit dans les nuages et à ne le retrouver qu’à l’amen final.
Nous n’avons pas prié, nous avons « routiné » sans valeur.
N’avons-nous pas tendance à « routiner » ainsi chaque année, au mois d’août, en nous déplaçant dans la Sambre sans nous rapprocher suffisamment par la pensée, de ceux qui sont là, sous le sol depuis 63 ans ? Partis le 2 août par devoir, par discipline le cœur gros, sans juger le bien fondé de l’ordre reçu, mais faisant entière confiance aux chefs qui venaient de prendre cette terrible résolution au nom de tous, ils ont quitté parents, femmes, enfants, pour ne plus jamais les revoir.
Ces hommes, qui sont là, sous nos pieds, avaient l’âge de la jeunesse qui m’écoute : votre âge, Messieurs, votre santé, vos espoirs, votre avenir…
Une balle, un éclat d’obus… une baïonnette, a mis fin à cet espoir de vie, de bonheur, pour ne laisser sur la terre qu’un débris sanglant dont la famille recevra plus tard, beaucoup plus tard, ce papier uniforme pour tous les tués de la guerre :
« MORT POUR LA FRANCE »
Si je me permets d’être aujourd’hui si dur dans mes propos, c’est parce que moi aussi, quand j’avais 15 ans sans l’expérience de la grandeur de la guerre et de la beauté du sacrifice des combattants réguliers, je n’avais pas, je ne pouvais pas avoir la notion de ce que combattre pouvait représenter d’abnégation pour l’homme en campagne, seul, face à ses ennemis, dans une atmosphère d’ouragan déchaîné. Ne pouvant comprendre, je ne voulais pas penser à ce que furent les guerres passées et j’éloignais ce sujet de mon cerveau inexpérimenté.
Aujourd’hui, face aux tombes militaires et surtout parce que bientôt, très bientôt, nous irons, nous aussi, les rejoindre et qu’il n’y aura plus de témoins de ces événements historiques pour parler aux générations montantes, les vôtres, qui me regardez et m’écoutez, je veux que vous sentiez battre mon cœur pour mes camarades de combat et que demain, ou plus tard, quand les derniers octogénaires auront rejoint l’éternel repos, vous jeunes, guidés seulement par l’étoile de la reconnaissance, vous veniez vous recueillir et baisser les yeux sur une quelconque des tombes militaires des cimetières qui vous environnent, en prononçant du fond de vous-même, sans remuer les lèvres, cette prière :
« Soldat ici présent, victime de ton devoir,
Je respecte ton nom et ton sacrifice.
Sois un exemple et un modèle pour ma jeunesse.
Guide-moi dans mes actes de faible créature humaine,
Pour avoir le courage d’affronter les échecs de l’existence.
Fais-moi apprécier le bonheur qui m’entoure,
Pour ceux que j’aime et qui me le rendent »
Guy COHN, Date de création : 05/10/2011 @ 22:04
Dernière modification : 06/10/2011 @ 09:05
Catégorie : Hommages 1977
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